Paris 2024 : comment les collectivités ont joué les Jeux


Les Jeux olympiques de Paris 2024 ont été conçus pour être ceux de tout un pays. Partout en France, les collectivités se sont emparées de toutes les opportunités offertes pour profiter de l’évènement mais aussi – et peut-être surtout – de son héritage, qu’il soit sportif, social ou urbain. Avec la cérémonie d’ouverture organisée ce vendredi 26 juillet, c’est quasiment une décennie de travail qui s’achève…

© Laurent GRANDGUILLOT/REA

Tout commence fin 2014, quand le mouvement sportif se prend à rêver des Jeux de 2024 à Paris, plus de dix ans après l’échec de la capitale dans la course à l’organisation de l’édition de 2012. Très vite, au-delà du Comité national olympique et sportif français (CNOSF), porteur officiel du projet de candidature, c’est tout un pays qui suit le… mouvement. Car pour les territoires, cette candidature porte une double promesse : construire un projet olympique bien au-delà de Paris et de l’Île-de-France, et offrir un héritage au service du développement du sport, en particulier dans les zones les moins bien dotées en équipements sportifs…

Dès 2015, l’Association des maires de France (AMF) invite tous les élus à soutenir la candidature de Paris. Parallèlement, la carte des sites s’affine autour d’une question centrale : le « legs » – on ne parle pas encore d' »héritage » – des Jeux, qu’il s’agisse de logements mais aussi d’aménagements urbains, d’emplois et, bien entendu, d’équipements sportifs

Des épreuves dans toute la France

Il faut attendre 2016 pour franchir une nouvelle étape : l’engagement financier de plusieurs collectivités franciliennes (dont la ville de Paris, la région Île-de-France, le département de la Seine-Saint-Denis et les établissements publics territoriaux Plaine commune et Paris Terres d’envol) à hauteur de 490 millions d’euros. Car, ça y est ! la carte des principaux sites est désormais arrêtée et la Seine-Saint-Denis est appelée à jouer un rôle central dans le déroulement des compétitions. C’est sur son territoire que seront implantés le Village olympique, le Village des médias ou encore le centre aquatique olympique, un équipement-phare amené à réduire la fracture territoriale dans un département sous-équipé en piscines. Si l’Île-de-France accueillera finalement 70% des épreuves, la province sera aussi de la fête, à l’image de Marseille, qui se voit confier l’organisation des épreuves de voile, de Lille, où se joueront pas moins de cinquante-deux matchs de handball et basket-ball, mais aussi de… Tahiti, siège des épreuves de surf.

Le 13 septembre 2017, sans surprise – les villes concurrentes s’étant une à une retirées de la course –, le Comité international olympique (CIO) attribue à Paris l’organisation des Jeux de 2024. Un succès largement dû à l’expertise de deux organismes du conseil régional d’Île-de-France : l’IAU (Institut d’aménagement urbain, devenu Institut Paris région) et l’IRDS (Institut régional de développement du sport). Dans la foulée de la décision du CIO, la Seine-Saint-Denis imagine son développement futur, tandis que plus de quatre cents collectivités choisissent de devenir centres de préparation olympique en proposant d’accueillir des délégations étrangères dans quelque mille infrastructures sportives de haut niveau, à l’image de Bordeaux.

4.500 collectivités Terre de Jeux

En 2018, un peu plus d’un an après le verdict, il est temps pour l’ensemble les collectivités de France, conformément à la promesse initiale, d’entrer dans la danse olympique grâce à la création d’un label unique : Terre de Jeux. Une opportunité qui rencontre très vite un immense succès puisqu’environ 4.500 collectivités y adhèrent, et que saisit par exemple la ville de Mérignac pour développer la pratique sportive sur son territoire.

Et alors que le Centre national pour le développement du sport (CNDS, ancêtre de l’Agence nationale du sport) met déjà en place, six ans avant le plan 5.000 équipements, un plan « Héritage 2024 » destiné à financer des équipements légers, gratuits et ouverts à tous, les départements prennent à leur tour place sur la ligne de départ afin d’encourager le développement de la pratique sportive pour tous comme enjeu de santé, d’inclusion et d’éducation.

Pour un impact social des Jeux

L’année 2020 marque un tournant. À quelques mois du lancement de nombreux chantiers de la Solideo (Société de livraison des ouvrages olympiques), le Comité d’organisation revoit la carte des sites de compétition afin de maîtriser au mieux son budget. Parmi les territoires écartés : Toulouse, qui n’accueillera pas les épreuves de football. Plus heureux est, toujours en 2020, le lancement de l’appel à projets Impact 2024, qui sera renouvelé année après année. Son but ? Soutenir des initiatives innovantes faisant du sport un outil d’impact social. C’est dans ce cadre que la ville de Roanne mobilise ses clubs pour développer la pratique sportive, en particulier féminine, dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville. Malgré un manque d’aides financières de l’État, les collectivités, y compris les villes moyennes en difficulté, à l’image de Saint-Dizier qui se lance dans le design actif avec l’appui de Paris 2024, sont bien au rendez-vous.

Arrive l’heure de la dernière ligne droite. Pour la région Île-de-France, il est temps de dévoiler son dispositif exceptionnel pour permettre à un maximum de spectateurs de rejoindre les sites olympiques en transport en commun. Ailleurs, face aux perturbations que la mobilisation des forces de l’ordre pour les Jeux a pu entraîner, on s’organise, par exemple pour la surveillance estivale des plages. Mais cette adaptation à un évènement exceptionnel n’est pas tout le temps possible. Certaines manifestations culturelles se voient contraintes de renoncer à leur édition 2024. 

Pour que la flamme ne s’éteigne pas…

À l’approche de l’évènement, plusieurs initiatives permettent à de très nombreux territoires de prendre part à l’aventure de façon concrète. Avec le relais de la Flamme, ce sont quatre cents villes et près de soixante départements qui entrent de plain-pied dans l’ambiance olympique tout au long d’un parcours qui durera deux mois et demi. D’autres collectivités se saisissent d’une nouvelle opportunité pour se mettre à l’heure des Jeux : l’olympiade culturelle, dont l’ambition est de réussir l’amalgame entre art et sport. D’autres encore s’activent pour placer l’opération Quartiers d’été sous le signe de l’olympisme et, ce faisant, faire bénéficier les habitants de leurs quartiers prioritaires de la politique de la ville de la dynamique des Jeux. 

Les derniers mois précédant les Jeux sont encore l’occasion de rendre un peu plus tangible l’héritage, notamment à travers la livraison d’équipements emblématiques comme le Village olympique, vecteur d’une transformation urbaine très attendue. 

Alors que la cérémonie d’ouverture est prévue ce vendredi 26 juillet, les collectivités peuvent désormais, après une décennie d’efforts, souffler, profiter et… songer à l’avenir. Chez les acteurs du tourisme, on prépare déjà l’après-Jeux. Chez les élus aux sports, on s’interroge sur la capacité à accueillir, dès la rentrée de septembre 2024, tous ceux qui, séduits par les épreuves qu’ils auront vues durant la compétition, viendront frapper à la porte des clubs. C’est à cette aune que l’on jugera la capacité des acteurs du sport français, et des collectivités en premier lieu, à donner corps à l’ambition du président de la République, énoncée dès 2017 : faire de la France une nation sportive.

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